Leur objectif était double : comprendre comment se traduisent concrètement intentions politiques et rêveries artistiques dans les pratiques de transmissions musicales, et "recharger" de sens leurs parcours professionnels déjà riches d'expériences mais aussi de questionnements.
Une musicienne intervenante qui a la vocation, un musicien intervenant sans DUMI, un missionnaire du chant, un artiste insatiable... : ils vous livrent dans ces quatre podcasts les secrets de vies au service de la transmission musicale.
- Nicolas Fertin interview Gaël Aubrit
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Gaël Aubrit, le chant pour tous
Aubrit fascine. D’ailleurs, parler de lui comme d’un musicien ou d’un pédagogue ne suffit pas. Mieux vaut lui laisser le choix des (bons) mots pour se définir. Alors à la question : « Que fais-tu ? », il choisit « vocaliste » et « facilitateur ». Traduisons : un virtuose de la voix doublé d’un perfectionniste de la technique vocale qui depuis plus de 10 ans met son talent au service d’un art polyphonique encore méconnu : le chant improvisé a capella. Gaël Aubrit le dit lui-même, dans un sourire qui dissimule à peine une très sérieuse conviction : à 38 ans, il est « en mission ». Une mission qui, de « Chant pour tous » en « Chant pour tous » a essaimé, partout en France et même au-delà.
Cet autodidacte n’a pourtant pas commencé par le chant polyphonique. Il est arrivé dans la musique par le rock progressif et les accords à la guitare de Peter Gabriel. Ce n’est que plus tard qu’il s’est formé au chant à l’ENM de Villeurbanne et à la technique du chanteur moderne créée par Allan Wright. Et puis vint en 2010 la découverte de Bobby McFerrin, chanteur américain virtuose et inventeur des « circle songs » contemporaines. Pour Gaël, cette rencontre est plus qu’un choc. C’est une révélation. « Chant pour tous » nait quelques mois plus tard de cette envie de pratiquer ce qu’il traduit par « chant-cercle » en référence au cercle de chant mais aussi aux boucles musicales qui se juxtaposent lors d’une circle song.
Ni association, ni école, « chant pour tous » est un mouvement musical – Gaël préférerait sans doute le terme d’« élan » musical - né à Lyon, qui organise des séances collective de chant polyphonique avec quatre principes intangibles : tout doit être improvisé, a capella, gratuit et ouvert à tous. De quelques-uns, les voici rapidement plusieurs dizaines à pratiquer cet art qui dépoussière le chant choral polyphonique en chérissant l’art de l’improvisation. Et quand la maîtrise vocale se conjugue à une bonne dose de lâcher prise, alors la magie opère et avec elle ce « sentiment de ne faire qu’un ». « Il y a des gens qui viennent pour le plaisir des oreilles, d’autres pour l’aspect relationnel et social d’autres pour une pratique plus spirituelle », commente Gaël. L’auteur de ces lignes est venu pour les trois raisons réunies. A chacun sa circle song.
Aujourd’hui, une petite centaine d’animateurs proposent des « Chants pour tous » dans toute la France mais aussi en Belgique, en Suisse et au-delà. Le site internet chantpourtous.com qui structure ces séances gratuites, indique d’ailleurs qu’un « Chant pour tous » a désormais lieu chaque jour quelque part en Europe. Le cercle de Gaël a bien grandi. Jusqu’à Bobby McFerrin en personne dont il est désormais l’un des intervenants. La mission de Gaël se poursuit pour porter toujours plus haut cet art du chant-cercle « pour que le monde ne perçoive pas les circle songs juste comme un jeu ou un exercice mais bien comme une forme artistique à part entière, aussi noble que n’importe quel style musical comme le jazz ou la musique classique. »
Écoutez l'interview :
- Noémie Benk interview Gérard Authelain
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Gérard Authelain est une personne impressionnante et surtout très inspirante.
Rare musicien intervenant à ne pas avoir le DUMI (Diplôme Universitaire de Musicien.e Intervenant.e) puisque c’est lui qui a créé cette formation, il a œuvré toute sa vie, et continue d’œuvrer pour rendre la musique accessible dans les écoles, en France ou à l’étranger. Il a aussi mené des formations sur la pédagogie liée à la pratique musicale, et a été l’un des créateurs et directeurs du CFMI (Centre de Formation des Musicien.nes Intervenant.es de Lyon).
Tout a commencé en 1974, quand un ami à lui prend la direction de l’action culturelle à l’Ile d’Abeau et lui propose alors d’intervenir dans les classes de primaire pour faire de la musique avec les enfants. Le métier de Musicien Intervenant commence ainsi à voir le jour. Quelques années plus tard, le Ministère de la Culture s’intéresse à ces interventions, et propose à Gérard de créer une formation à ce métier. En 1983 a lieu un colloque à Bourg-en-Bresse pour penser aux profils des CFMI*, et l’année d’après des CFMI s’ouvrent à Aix-en-Provence, Toulouse et Lille. En 1985, le CFMI de Lyon ouvre, avec à la tête, quatre codirecteurs/rices. C’était en effet important pour eux que ça ne soit pas qu’une seule personne qui mène ce projet.
Aujourd’hui, à 85 ans, Gérard a choisi de travailler de moins en moins en France car il ne veut pas prendre la place des Musiciens Intervenants. Il préfère plutôt travailler à l’étranger au Maroc, en Tunisie et beaucoup en Palestine où il va quatre fois par an depuis 1996 pour former des professeurs de musique à aller dans les écoles des camps de réfugiés.
Dans ce podcast, il nous rappelle l’essence de ce beau métier. A écouter et réécouter !
Écoutez l'interview :
- Aurélien Méalier interview Séverine Pralong Soler
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Quand on demande à la petite Séverine Pralong-Soler ce qu’elle veut faire quand elle sera « grande », elle répond déjà « Musicienne Intervenante ».
Cette fille de pédagogue (sa maman était professeure des écoles) n’a qu’une dizaine d’année mais son choix est fait ! Après avoir découvert les interventions de la musicienne Stéphanoise Pascale Fay dans la classe de sa mère, elle veut suivre cette voie.
Et elle tient promesse ! Passée par le CFMI d’Orsay, ces rencontres avec les musiciens Alain Gibert, Gil Chovet ou Isabelle Chauchat ne feront que confirmer ses envies.
Aujourd’hui, elle officie depuis plus de 20 ans dans la Loire, du côté du Chambon Feugerolles et de la Ricamarie et assume avec bonheur ce rôle d’artiste pédagogue. Vous la retrouvez dans les classes ou les crèches du département mais aussi sur les planches avec sa compagnie « Au-delà des forêts » avec laquelle elle enregistre des disques et monte des spectacles pour la petite enfance avec sa compère Catherine Basson.
Elle s’est confiée à notre micro sur sa vocation et ses motivations, sans cesse renouvelées, à pratiquer ce métier ! Une vraie bulle de bonne humeur et de positivité !
Écoutez l'interview :
- Colleen Lacroix interview Steve Waring
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Le rire de Steve Waring est déjà musique.
Ce musicien hors-pair, arrivé des États-Unis dans les années 60, a bercé et continue de bercer des générations. C’est avec son ami de longue date Alain Gibert que les deux artistes vont devenir des références dans le répertoire des chansons pour jeune public.
Bien qu’en France depuis presque 60 ans, son pays natal est toujours au fond de lui et nourrit sa vie d’artiste. Il réadapte des chansons traditionnelles américaines en langue française car il aime les thèmes de ce répertoire folklorique. Son banjo n’est jamais bien loin de lui, et quand il le prend, il nous fait voyager instantanément.
Steve Waring n’a pas le diplôme du musicien intervenant mais n’a cessé toute sa vie de faire de la musique avec et pour les enfants. Ce n’est pas pour rien qu’il a aussi épousé une professeur des écoles qui faisait chanter ses élèves.
A 80 ans, Steve Waring continue de monter sur scène pour fêter ses 50 ans de scène où il reprend ses plus grands succès.
Ce podcast est une véritable boîte à souvenirs des moments clés de la vie de Steve Waring. Il y partage ses rencontres, ses amitiés, sa passion, sa musique et ses éclats de rire.
Tout comme les chansons traditionnelles, les chansons de Steve Waring n’ont pas fini de traverser les générations…