Publié le 22 avril 2025 Mis à jour le 24 avril 2025
le 2 avril 2025

Merete Stistrup a été maîtresse de conférences en littérature comparée et études sur le genre au département des Lettres de l'UFR Lettres, sciences du langage et arts (LESLA) et chercheuse associée au laboratoire Passages Arts et littératures (XX-XXI). Son premier roman en français vient de paraître aux éditions Rouergue.

Merete Stistrup
© Carly Steinbrunn
Après une première vie au Danemark, Merete Stistrup s’est installée à Lyon où elle a enseigné le danois, puis la littérature comparée et les études sur le genre. Arrivée à notre université en 1985 sur un poste de lectrice de danois au Département des Études germaniques et scandinaves, elle a ensuite rejoint le Département des Lettres où elle est restée jusqu’en 2016. Enseignante chercheuse, elle a publié des ouvrages et articles sur l’énonciation littéraire.
Autrice d’un roman en danois, En andens øjne, récompensé par le prix du Statens Kunstfond, elle renoue avec l’écriture littéraire dans sa nouvelle langue.
À l'occasion de la parution de Hôtes, son premier roman écrit en français, elle a accepté de répondre à quelques questions.

Entretien avec Merete Stistrup

♦ Est-ce que cela a été une évidence pour vous d'écrire en français ? 
M. S. : « J’ai passé plus de la moitié de ma vie ici. Peu à peu, il est devenu naturel pour moi de parler et d’écrire en français. Si l’expression académique ne m’a pas posé trop de problème, j’ai, en revanche, mis du temps à trouver une phrase dans laquelle je me sentais à l’aise pour l’écriture littéraire. Dans Les mots, Sartre affirme qu’on parle dans sa propre langue, on écrit en langue étrangère. Ce n’était pas une métaphore pour moi, mais une expérience réelle, un exercice difficile et excitant. D’une langue à l’autre, la vision du monde n’est pas la même, le français souligne par exemple les marqueurs d’identité bien plus que le danois. Proverbes et locutions sont d’autres exemples qui illustrent un imaginaire des langues changeant : en danois, la formule chercher midi à quatorze heures n’existe pas ; en français, on ne dit pas qu’enfants égaux jouent mieux ensemble. L’horizon était celui-là : comment reprendre les mots sous les mots, faire résonner une langue sous la langue ? »
 
♦ Depuis combien de temps songiez-vous à l'écrire ? 
M. S. : « Le désir d’écrire en français a toujours été là, sans forcément être au centre. Presque dès le début, j’ai tenu des carnets où je collectionnais des mots, des anecdotes, des chapitres de ce qui pourrait devenir un roman… »
 
♦ Était-il compliqué de se lancer dans l'écriture lorsque vous aviez encore une charge d'enseignement ? 
M. S. : « J’ai aimé être enseignante-chercheuse. Mais c’est un travail de plein-temps et plus. J’ai souvent été frustrée du fait qu’il ne me laissait presque pas le temps d’écrire. »
 
♦ Avez-vous écrit ou traduit d'autres ouvrages de fiction ? 
M. S. : « J’ai publié un roman en danois, des textes courts également, tout comme j’ai traduit de la poésie danoise en français, en revue. »

 

Son roman Hôtes

Quinze ans après avoir acquis la nationalité française, Ella Søndervang s’installe avec son mari Guillaume dans une maison entourée d’arbres, lui rappelant les contrées où elle a grandi, au Danemark. Ces pins noirs d’Autriche, étrangers comme elle, vont devenir le miroir par lequel elle se réapproprie son histoire, sa relation au sauvage, un regard qui vient du monde des fables.
Car, malgré une intégration réussie, son sentiment d’isolement s’est creusé avec le temps. Il lui semble que tout, toujours, lui rappelle qu’elle vient d’ailleurs.
Du reste, est-elle la même femme lorsqu’elle parle en français ou lorsqu’elle revient à sa langue maternelle ? D’une langue à l’autre, n’a-t-elle pas la faculté de réinventer sa vie ?

Interrogeant les différences culturelles entre pays européens et les questions d’identité, notamment d’identité de genre, Merete Stistrup livre un roman où la quête de soi est inséparable d’une écriture de la nature.
► Hôtes de Merete Stistrup, éditions Rouergue - collection La brune (avril 2025)
208 pages | ISBN 978-2-8126-2675-3

► Revue de presse
♦ Les brèves critiques du « Monde des livres » (Le Monde - 6 avril 2025)
♦ D’une langue à l’autre, Merete Stistrup invitée du Book club (France culture - 27 mars 2025)
♦ Hajar Azell, Merete Stistrup, Mohed Altrad... Notre sélection de 5 auteurs venus d’ailleurs (La Croix - 1er mars 2025)

Questionnaire de Proust

Merete Stistrup s'est prêtée au jeu de notre questionnaire de Proust.
♦ Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ? Je préfère la campagne à la ville.

♦ Quel est votre film culte ? Apolonia, Apolonia, film documentaire de Lea Glob (2022).

♦ Si vous n'étiez pas devenue enseignante-chercheuse au sein de notre université, qu'auriez-vous aimé faire ? Écrivaine.

♦ Quel est votre mot favori ? L’autre.

♦ Qu'est-ce qui vous fait peur ? L’autre.

♦ Quel est le don que vous aimeriez posséder ? Le don de la répartie.

♦ Quel est le dernier livre que vous ayez lu ? Le bon Denis de Marie Ndiaye.
♦ Que vous reproche-t-on souvent ? La lenteur.

♦ Qu'est-ce qui vous fait rire ? Qu’on m’offre un produit de beauté pour mon anniversaire.

♦ Que détestez-vous ? Des gens qui se prennent trop au sérieux par manque de générosité.

♦ Quelle est votre devise ? Je répondrai (mais pas tout de suite).

♦ Quel est le moment de la journée que vous préférez ? Le matin.

♦ Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, personnalité…) ou une personne qui vous inspire ?
Mes modèles sont pluriels, ils varient au fil du temps. Pour écrire Hôtes, Susie Morgenstern (Mes 18 exils) et Dany Laferrière (L’énigme du retour) m’ont donné une certaine idée du ton que je voulais faire entendre dans ce roman.

Informations pratiques